"Il est d’une prétention inouïe de raconter sa vie (et de penser qu’elle
intéressera les autres), il est encore plus prétentieux de penser
que l’on peut raconter autre chose."

Fred Roux


Un projet en plusieurs tranches (chaque tranche constitue un spectacle autonome) :

Tranche 1 : Boris Lehman, le narcissisme à plusieurs
                 créé en novembre 2012 à Alençon (Scène Nationale 61)

Tranche 2 : Hubertus Biermann
                 créé en mars 2013 à Vandoeuvre-lès-Nancy (CCAM Scène Nationale)

Tranche 3 : Georges Appaix, la précision du paresseux
                 créé en octobre 2013 à Marseille (Frac PACA/Théâtre des Bernardines/MP13)

Tranche 4 : André S. Labarthe
                 créé en mai 2014 à Vitry-sur-Seine (Studio Théâtre)

Tranche 5 : Vinciane Despret
                créé en novembre 2015 à Lyon (Les Subs/La Villa Gillet,
                festival Mode d'Emploi)

Tranches en cours de production, avec :

Taoufiq Izzediou (chorégraphe)
Ben Kafka (philosophe)

Ainsi que 5 autres spectacles en gestation, en collaboration avec des personnes avec lesquelles nous aimerions travailler (dont deux performeuses, un photographe, deux plasticiens et un érudit)

À l'origine de ce projet il y a le constat que la parole directe, correspondance, entretien ou interview, est souvent plus intéressante, ou du moins plus stimulante que les écrits théoriques. La conversation est la base de ce travail, elle fonde la collaboration que nous engageons avec chaque participant, et permet de constituer le matériau d'où vont émerger les différentes propositions, les différentes tranches de cet ananas.

Principes : sans confrontation, point de tangence

Nous proposons à des artistes bien réels venant d'horizons divers d'être tour à tour élément moteur dans l'élaboration d'une série de propositions théâtrales, entre autobiographie et autofiction. Une bulle gonflable transparente est donnée comme espace de création, à la fois cocon, loupe, lieu de projection physique et mentale.
A chacun de trouver une forme cohérente, un type de relation au public, pour faire partager les expériences qui l'ont constitué en tant qu'artiste. Au fil des rencontres, nous fabriquons, de notre côté, un prototype d'artiste tangent. Ce personnage récurrent inscrit son parcours fictif dans les différentes biographies dont il se nourrit.

Quelques remarques

1 - Il n'est pas nécessaire d'être vieux pour raconter sa vie.
2 - Imaginer raconter sa vie de A à Z est une activité tangente, une façon,
     par le biais de la fiction, de hisser sa biographie au rang de projet artistique.
3 - Si la fiction c'est moi, est-ce que le documentaire c'est les autres ?
4 - Toute histoire comporte une part de fiction.

Par ces biographies croisées, réelles ou imaginées, nous poursuivons la fabrication d'une histoire de l'Art Tangent1 et nous proposons de revisiter, à travers des expériences personnelles situées dans un contexte précis, le panorama artistique des 60 dernières années : un cheminement par ricochet à la lumière de ce que Barthes appelait les « biographèmes », ces petits événements que nul ne raconte jamais à personne et qui pourtant sont ce qui fait l'essentiel de ce que nous vivons.

Le titre, emprunté à Leibniz : « Nous ne pouvons connaître le goût de l'ananas par le
récit des voyageurs »
marque toute la difficulté mais aussi toute la saveur de
l'expérience.

1 Par définition, l'Art Tangent est une histoire de l'art en forme d'œuvre d'art et réciproquement.



A- Boris Lehman dans l'installation (Scène Nationale 61, Nov. 2012) ©Association Arsène
B- Hubertus Biermann à 28 ans ©H. Biermann
C- Georges Appaix ©Pauline Jacquelin
D- Anna Gaïotti ©Association Arsène
E- Le tableau préféré des français (Léandre Garcia Lamolla, Michel Jacquelin, Pierre-Olivier Dittmar et Vinciane Despret). ©Pauline Jacquelin

Le Dispositif

Il s'agit d'une installation, une bulle d'air, accueillant l'Artiste Anonyme Associé (AAA) du jour et/ou la personne invitée. Entre eux les questions se posent d'abord en terme de territoire. Autour, d'autres protagonistes et le public. Le dispositif jouera sur le dur, le mou, la transparence et l'opacité du blanc (comme le faisait remarquer Wittgenstein, le blanc, contrairement aux autres couleurs, ne peut être transparent). Le temps y est suspendu, entre le passé et le futur, le souvenir et l'oubli. Une image de la représentation, de la solitude, d'un isolement habité par l'expérience d'un récit.

Bulle

Il s'agit d'une bulle gonflée d'environ 8 mètres de long dans le plan horizontal et de forme elliptique, en plastique transparent. Cette bulle est posée sur un socle opaque haut de 50 cm qui permet les entrées et les sorties du dispositif ainsi que les installations techniques nécessaires à son fonctionnement (son, lumière, image, informatique, air…). Ce dispositif est autonome et peut être posé sur un plateau de théâtre, dans une salle d'exposition et dans tout autre lieu intérieur.

À chaque projet de définir et de se définir en fonction d'un espace jugé favorable à la proposition. Représenter ce que c'est le fait d'être là, de se raconter. On est soi (soit) à l'intérieur soit à l'extérieur. La bulle matérialise la distance entre le point de vue de l'autre ou des autres et son propre point de vue. Dans l'idée de contour, elle définit un espace, oblige à se situer dans un dedans ou un dehors, à se glisser sous sa peau tendue ou à rester à sa périphérie.
Au-dedans ou en-dehors de ce dispositif, tous les aménagements sont envisageables comme, par exemple, la projection d'images à l'extérieur sur un cyclo et l'amplification du son, permettant la duplication des points de vue et des espaces.

Les participants

Sur scène, chaque épisode du projet rassemble, en plus d'un régisseur, quatre protagonistes : l'Invité, l'acolyte (un complice), et Odile Darbelley et Michel Jacquelin.

L'invité : Le projet sollicite la réalisation d'une biographie. Il s'agit de raconter sa vie en la mettant en forme de toutes les manières possibles, de tenter de faire partager ces expériences passées, de les rendre concrètes. On peut venir accompagné, choisir son entourage, créer son propre environnement et ses propres outils.

Iks : Odile Darbelley interprète, en partie, Iks, un artiste fictif qui nourrit sa propre vie de ses rencontres avec les différents invités. Ensemble, ils imaginent son CV, la fiction qui constitue sa vie.

Michel Jacquelin : Il fait le lien avec le public, donne les règles et les clefs de l'expérience, il est plutôt du côté du dispositif, dont il peut, pendant la représentation, manipuler l'espace aussi bien que les sons ou les images.
Le fait que Iks et Michel Jacquelin soient toujours présents dans les différentes tranches permet d'établir une continuité d'un épisode à l'autre, fabriquant ainsi la mémoire du travail, assurant par leur témoignage la transmission de la globalité du projet aux différents publics.

L'acolyte : Ensemble, avec l'invité, ils choisissent une personne. Il (ou elle) peut être plutôt du côté de l'invité (quelqu'un qui travaille avec lui), ou plutôt du côté de Iks (par exemple une personne proche de l'art tangent) ou même être plutôt proche du dispositif (présence technique).


Tranche 1 : Boris Lehman, le narcissisme à plusieurs
Tranche 2 : Hubertus Biermann
Tranche 3 : Georges Appaix (La précision du paresseux)
Tranche 4 : André S. Labarthe
Tranche 5 : Vinciane Despret











 Tranche 1, Boris Lehman
 Tranche 2, Hubertus Biermann
 Tranche 3, Georges Appaix
 Tranche 4, André S. Labarthe
 Tranche 5, Vinciane Despret
 L'Art Tangent


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