
Vidéo-performance, durée : 12 min
"N'apparaît que ce qui fut capable de se dissimuler d'abord."
Georges Didi-Huberman
> Le texte de Georges Didi-Huberman, Le paradoxe du Phasme, emprunte une sorte de métaphore pour parler de la photographie et de l'image, celle du "phasme". Ce petit animal, au-delà d'une simple analogie formelle avec la feuille qu'il imite tout en la dévorant, soumet le spectateur "au démon de la dissemblance". C'est ce propos, ainsi que le ton du texte ( petit discours amical adressé à un enfant, au lecteur…) qui nous a donné l'idée de le travailler en utilisant les moyens du théâtre et ceux de la vidéo. On crée ainsi une boucle : en partant d'un texte théorique dans une revue littéraire pour l'utiliser comme matériau dans la pratique des arts plastiques, pratique qui fait alors de ce texte un élément du champ même de sa réflexion.
Un fil tendu délimite l'espace de la performance.
Deux personnes se font face. L’une est assise devant une sorte d’aquarium incliné : sous ses mains apparaissent deux jaunes d'œufs frais qu'elle manipule dans l'eau en les faisant apparaître ou disparaître dans une chorégraphie lente. Elle dit à voix basse le texte de G. Didi-Huberman. L’autre personne se tient debout derrière une caméra et filme la performance. Entre la caméra et la table d’eau, un moniteur situé face au public lui permet de voir une image des gestes en plan rapproché, et lui permet d’entendre le son de la voix, amplifié.
L’utilisation de la vidéo semble "transparente", son rôle serait d'enrichir d'un nouveau point de vue la perception du spectateur. Pour le public, la performance tient alors dans la complexité du texte et dans la manipulation délicate des jaunes d'œufs dans l'eau du « vivarium », mais l'installation est à double détente et fonctionne comme un leurre. L'image vue est-elle celle de la réalité vécue ?