> À partir des théories du Professeur Swedenborg sur l'image, et de ses productions anthropométriques (études ethnographiques sur les Åsa - peuple de l’extrême nord de la Sibérie - et, dans une moindre mesure, sur les Iso - indiens du Nouveau-Mexique), notre proposition s'articule, d’un côté, autour d'une série de portraits contemporains "grandeur nature" réalisés en collaboration avec les Åsa, et, de l’autre, autour d’images des plaques utilisées dans les rituels funéraires Iso. Une archéologie de la photographie.
Ces portraits utilisent différents protocoles en relation avec ceux que pratiquait le Professeur Swedenborg : décomposition du mouvement, diptyque, poses longues…
Photographier les Åsa et les Iso, c'est se confronter à cette histoire des regards que Roland Barthes souhaitait. Leurs pratiques et leurs rituels permettent de cerner quelques-unes des étapes précédant "l'avènement de moi-même comme autre" rendu possible par le portrait photographique.
"Les similitudes des réactions des Åsa et des Iso face au portrait photographique sont donc évidentes. Seule la fabrication de nouveaux mythes a permis de résister socialement à l'intrusion de la photographie dans leurs sociétés. Pour achever de s'en convaincre, on peut se souvenir aussi qu'ils ont une peur irrépressible du "flou" parce qu'ils sont encore dans l'incapacité de le penser. Pris dans les brouillards givrants, ils souffrent de la même angoisse d'être saisis par la folie. Flous, ne risquent-t-ils pas de se diluer, de disparaître dans la blancheur du papier photographique, de se perdre en perdant le groupe comme le voyageur égaré, solitaire, dans la brume glacée ?"
Emmanuel Rath
Président de la Fondation Professeur Swedenborg pour l'Art Contemporain
Extraits de l'introduction à "Mythes et photographie(s)"
1 à 8 : « La Conversion d’Hanna ». Séquence photographique du Professeur Swedenborg.